Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré l’obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées.
Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu. »
Commentaire
La leçon à Nicodème va plus loin. Nous avons vu la 1ère information : certes Jésus a été envoyé par Dieu, mais contrairement aux prophètes antérieurs, il n’est pas un homme choisi par Dieu pour une mission, il est de Dieu, originaire du ciel, « descendu du ciel » de nature divine. Jésus va préciser : je suis le fils unique de Dieu, une expression facile à comprendre pour un homme.
La 2ème information du jour : Jésus est venu pour sauver et non pas pour juger. Voici une autre révolution pour Nicodème. Dieu devait envoyer quelqu’un (on suppose un homme choisi parmi les hommes comme étaient les autres prophètes) pour le jugement dernier, cad pour évaluer si les hommes avaient correctement suivi la loi donnée à Moïse. Suivre la loi, c’est devenir juste et les justes seront appelés au banquet céleste en compagnie de tous les prophètes, alors que ceux qui ne seront pas jugés justes iront brûler dans la Géhenne. Le Messie ne vient pas avec sa balance, il vient tendre la main à tous.
Jean va ensuite expliquer pourquoi cette main tendue vient se substituer au jugement dernier. Le critère de sélection n’est plus (n’est pas) la fidélité dans la Loi, il est uniquement la foi en la nature divine de Jésus. Croire en Jésus Fils de Dieu est croire en Dieu, et croire en Dieu suffit à être choisi pour le Royaume. Qui croit en Dieu écoute la parole de Jésus, ses commandements d’amour, et donc ses œuvres seront bonnes parce qu’orientées par Dieu. On se souvient qu’un bon arbre ne fait que des bons fruits. Celui qui suit la Parole est fier de ce qu’il fait, car il sait qu’il a bien fait.
En revanche, celui qui ne croit pas en Jésus ne croit pas vraiment en Dieu non-plus, Jean nous expliquera que Jésus est le passage obligé pour atteindre le Père. Celui qui fait la mal sait parfaitement ce qu’il fait, et il sait aussi que ce qu’il fait ne correspond pas à la parole de Jésus. Celui-là n’a aucun intérêt à s’approcher de Jésus, il va préférer rester caché pour ne pas encourir des remontrances, ou pour ne pas être montré du doigt. Là encore un mauvais fruit ne saurait pousser sur un bon arbre.
On comprend donc que le « croire » de Jean signifie bien plus que croire à un vague lien entre Jésus et Dieu ; c’est croire que Jésus est le fils de Dieu, qu’il n’est pas un homme choisi mais plutôt Dieu incarné (une hypothèse forte de l’évangile de Jean). Mais croire va plus loin, croire est aussi se laisser guider par l’esprit de Dieu et par la parole de Jésus pour faire, l’agir fait partie de la foi.
Donc le monde de Jean est assez simple : celui qui croit sérieusement en Dieu ne peut que faire le bien, celui qui fait le mal préfère se garder de Dieu. C’est en ce sens que juger les œuvres est devenu superflu : le messie qu’est Jésus sert de révélateur comme un projecteur qui illumine les hommes. Il tend la main à tous : ceux qui la saisissent sont des hommes de bien dont les œuvres sont bonnes et ceux dont les œuvres sont mauvaises partent en courant. Attention quand même au vocabulaire : juger chez Jean veut dire condamner.
On voit qu’à ce stade de l’explication, il n’est pas prévu qu’un athée puisse faire le bien autour de lui. Il n’est pas prévu non plus qu’un croyant puisse agir mal ou puisse tout simplement se tromper.
