Luc nous conte aujourd’hui la légende de la 1ère visite au Temple de Jésus, qui sera suivie ensuite d’une deuxième en vue de sa circoncision (c’est quand il va se perdre en restant à discuter avec les sages).
De la même façon que Luc avait trouvé dans un hypothétique recensement la raison d’envoyer la Sainte Famille à Bethléem, ce sera cette fois l’application de la loi juive qui va justifier le passage au Temple.
Une double justification en fait : d’une part le besoin de racheter le 1er-né comme nous l’avons lu dans le livre des Nombres 18.15 « A toi enfin, tous les premiers-nés qu'on apporte au SEIGNEUR, les premiers-nés de toute créature, de l'homme et des animaux. Toutefois tu feras racheter le premier-né de l'homme et tu feras racheter les premiers-nés des animaux impurs ». D’autre part le besoin de faire un sacrifice pour la purification de Marie, comme il est dit dans le Lévitique 12.2 « Parle aux fils d'Israël : Si une femme enceinte accouche d'un garçon, elle est impure pendant sept jours, aussi longtemps que lors de son indisposition menstruelle. Lorsque s'achève son temps de purification, pour un fils ou pour une fille, elle amène au prêtre, à l'entrée de la tente de la rencontre, un agneau âgé d'un an, pour un holocauste, et un pigeon ou une tourterelle, servant à un sacrifice pour le péché ». Tout comme le recensement était assez hypothétique, les raisons invoquées pour cette visite au Temple sont elles-aussi assez discutables : l’enfant n’a rien à faire dans la cérémonie de purification de sa mère et la visite au Temple n’est pas nécessaire au rachat des premiers-nés.
La figure du vieillard est bien connue de la mythologie grecque (les serviteurs d’Ulysse) comme de la tradition juive : la rencontre entre Joseph et son père Israël en Genèse 46 devrait nous rappeler quelque chose : « Joseph attela son char et monta à Goshèn à la rencontre de son père Israël. A peine celui-ci l'eut-il vu que Joseph se jeta à son cou et, à son cou encore, il pleura. Israël lui dit alors : « Cette fois-ci, après avoir revu ton visage, j'accepte de mourir puisque tu es encore en vie. » »
On ne peut que sourire en constatant qu’une fois de plus, la religion juive, celle de l’Ancienne Alliance, est représentée sous les traits de deux vieillards alors que Jésus est accompagné d’un jeune couple. Au passage, le fait que les animaux soient deux tourterelles nous indique que les parents de Jésus sont pauvres ; on s’en doutait un peu.
On a l’impression que la plus grande partie de ce passage est centrée sur le personnage de Syméon. On remarquera que si c’est la Loi qui fait venir Joseph et Marie au Temple, c’est l’Esprit qui va motiver la venue de Siméon. Luc insiste lourdement sur le fait que Syméon soit sous l’emprise de l’Esprit. Il va accueillir l’enfant en le prenant dans ses bras ; enfin peut-être, car il s’agit plutôt dans ce geste du rituel du baptême chrétien tel qu’il est fait à l’époque de Luc. La tradition dit que Syméon était aveugle…en tout cas, il parle bien.
En effet après avoir eu le Magnificat de Marie et le Benedictus de Zacharie, Luc nous propose maintenant le « Nunc dimittis » comme cantique de Syméon ; on comprend que ce dernier va tout d’abord prononcer un hymne, le fameux cantique, puis dans un deuxième temps, il va tenir une conversation plus privée avec Marie. Ce « Nunc dimittis » est une prière très ancienne du monde chrétien encore chantée de nos jours dans l’office des Complies ainsi qu’à l’occasion des sépultures : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole… ».
La seconde partie est une prophétie sur le futur du petit Jésus en totale opposition à la partie du cantique qui prévoyait la gloire : il y voit la souffrance et la violence. Le lien avec Esaïe 8.14 est évident : « Il sera un sanctuaire et une pierre que l'on heurte et un rocher où l'on trébuche pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour l'habitant de Jérusalem », tout comme 40.5 « Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé. »
Luc cherche à nous dire que c’est dans le Temple que va se dévoiler la gloire de Dieu, il va nous montrer l’accomplissement de la Loi. Anne et Syméon sont les représentants d’une ancienne religion qui accueille son nouveau prophète. Et dès cette première visite, Luc fait dire à Syméon l’universalité du message divin « lumière pour les païens et gloire d’Israël ton peuple ».
Bref, c’est bien écrit !
Puis quand vint le jour où, suivant la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur — ainsi qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur — et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux petits pigeons.
Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui. Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.
Il vint alors au temple poussé par l’Esprit ; et quand les parents de l’enfant Jésus l’amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet, il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes :
« Maintenant, Maître, c’est en paix, comme tu l’as dit, que tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple. »
Le père et la mère de l’enfant étaient étonnés de ce qu’on disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie sa mère :
« Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté — et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. »
Commentaire
Luc nous conte aujourd’hui la légende de la 1ère visite au Temple de Jésus, qui sera suivie ensuite d’une deuxième en vue de sa circoncision (c’est quand il va se perdre en restant à discuter avec les sages).
De la même façon que Luc avait trouvé dans un hypothétique recensement la raison d’envoyer la Sainte Famille à Bethléem, ce sera cette fois l’application de la loi juive qui va justifier le passage au Temple.
Une double justification en fait : d’une part le besoin de racheter le 1er-né comme nous l’avons lu dans le livre des Nombres 18.15 « A toi enfin, tous les premiers-nés qu'on apporte au SEIGNEUR, les premiers-nés de toute créature, de l'homme et des animaux. Toutefois tu feras racheter le premier-né de l'homme et tu feras racheter les premiers-nés des animaux impurs ». D’autre part le besoin de faire un sacrifice pour la purification de Marie, comme il est dit dans le Lévitique 12.2 « Parle aux fils d'Israël : Si une femme enceinte accouche d'un garçon, elle est impure pendant sept jours, aussi longtemps que lors de son indisposition menstruelle. Lorsque s'achève son temps de purification, pour un fils ou pour une fille, elle amène au prêtre, à l'entrée de la tente de la rencontre, un agneau âgé d'un an, pour un holocauste, et un pigeon ou une tourterelle, servant à un sacrifice pour le péché ». Tout comme le recensement était assez hypothétique, les raisons invoquées pour cette visite au Temple sont elles-aussi assez discutables : l’enfant n’a rien à faire dans la cérémonie de purification de sa mère et la visite au Temple n’est pas nécessaire au rachat des premiers-nés.
La figure du vieillard est bien connue de la mythologie grecque (les serviteurs d’Ulysse) comme de la tradition juive : la rencontre entre Joseph et son père Israël en Genèse 46 devrait nous rappeler quelque chose : « Joseph attela son char et monta à Goshèn à la rencontre de son père Israël. A peine celui-ci l'eut-il vu que Joseph se jeta à son cou et, à son cou encore, il pleura. Israël lui dit alors : « Cette fois-ci, après avoir revu ton visage, j'accepte de mourir puisque tu es encore en vie. » »
On ne peut que sourire en constatant qu’une fois de plus, la religion juive, celle de l’Ancienne Alliance, est représentée sous les traits de deux vieillards alors que Jésus est accompagné d’un jeune couple. Au passage, le fait que les animaux soient deux tourterelles nous indique que les parents de Jésus sont pauvres ; on s’en doutait un peu.
On a l’impression que la plus grande partie de ce passage est centrée sur le personnage de Syméon. On remarquera que si c’est la Loi qui fait venir Joseph et Marie au Temple, c’est l’Esprit qui va motiver la venue de Siméon. Luc insiste lourdement sur le fait que Syméon soit sous l’emprise de l’Esprit. Il va accueillir l’enfant en le prenant dans ses bras ; enfin peut-être, car il s’agit plutôt dans ce geste du rituel du baptême chrétien tel qu’il est fait à l’époque de Luc. La tradition dit que Syméon était aveugle…en tout cas, il parle bien.
En effet après avoir eu le Magnificat de Marie et le Benedictus de Zacharie, Luc nous propose maintenant le « Nunc dimittis » comme cantique de Syméon ; on comprend que ce dernier va tout d’abord prononcer un hymne, le fameux cantique, puis dans un deuxième temps, il va tenir une conversation plus privée avec Marie. Ce « Nunc dimittis » est une prière très ancienne du monde chrétien encore chantée de nos jours dans l’office des Complies ainsi qu’à l’occasion des sépultures : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole… ».
La seconde partie est une prophétie sur le futur du petit Jésus en totale opposition à la partie du cantique qui prévoyait la gloire : il y voit la souffrance et la violence. Le lien avec Esaïe 8.14 est évident : « Il sera un sanctuaire et une pierre que l'on heurte et un rocher où l'on trébuche pour les deux maisons d'Israël, un filet et un piège pour l'habitant de Jérusalem », tout comme 40.5 « Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé. »
Luc cherche à nous dire que c’est dans le Temple que va se dévoiler la gloire de Dieu, il va nous montrer l’accomplissement de la Loi. Anne et Syméon sont les représentants d’une ancienne religion qui accueille son nouveau prophète. Et dès cette première visite, Luc fait dire à Syméon l’universalité du message divin « lumière pour les païens et gloire d’Israël ton peuple ».
Bref, c’est bien écrit !
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