Le berger et le mercenaire

Evangile selon St. Jean 10, 11-18
mai 13, 2025

Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis.

Le mercenaire, qui n’est pas vraiment un berger et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite ; et le loup s’en empare et les disperse. C’est qu’il est mercenaire et que peu lui importent les brebis.

Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et que je connais mon Père ; et je me dessaisis de ma vie pour les brebis.

J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger.

Le Père m’aime parce que je me dessaisis de ma vie pour la reprendre ensuite.

Personne ne me l’enlève mais je m’en dessaisis de moi-même ; j’ai le pouvoir de m’en dessaisir et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. 

Commentaire

Pour la première fois dans cette énumération de comparaisons censées nous montrer l’identité de Jésus, celui-ci prend enfin un visage humain : le berger est plus parlant que la lumière, le pain ou la porte. Mais aujourd’hui nous allons un peu plus loin dans l’explication de la différence entre un bon berger et un moins bon berger, celui que Jean va nommer un mercenaire, celui qui garde un troupeau pour de l’argent.

Nous avons vu hier qu’il y avait d’une part la connaissance intime et réciproque de ses brebis, calquée sur la relation du père et du fils ; aujourd’hui nous découvrons qu’un bon berger est prêt à donner sa vie au profit de ses brebis (on se souvient que Jésus demandait à Pierre s’il l’aimait jusqu’à mourir pour lui, agapè).

Il y a bien entendu quelques sous-entendus. Si les loups de l’Ancien Testament sont les ennemis du peuple d’Israël, ils sont plutôt dans les Nouveau Testament des prêcheurs hérétiques qui mettent en péril l’unité de la communauté (on se souvient que dans l’église de Jean, ces hérétiques sont des gnostiques qui refusent l’humanité de Jésus). Les deux troupeaux qui vont se fusionner sont certainement les pagano-chrétiens et les judéo-chrétiens. Se dessaisir de sa vie dans la littérature de Jean signifie la croix, et Jean laisse entendre que la mort du Christ ne lui fut pas imposée par le Père, mais qu’elle fut un choix volontaire du fils (nous avons souvent évoqué le caractère volontaire de Jésus vers sa passion).

On remarquera aussi que Jean nous présente la mort sur la croix (se dessaisir de sa vie) en même temps que la résurrection (la reprendre). Nous sommes juste avant le chapitre 11 et Lazare, cette notion du pouvoir de reprendre la vie prend toute sa valeur.

On se souvient que Jésus a reçu de son père le pouvoir de faire des choses extraordinaires, des guérisons et des exorcismes, il a aussi reçu le pouvoir de pardonner. Il semble qu’il ait aussi reçu le pouvoir de jouer de sa vie terrestre comme bon lui semble, de mourir et de ressusciter. Une fois encore, on comprend qu’avec ce texte, il est facile de tomber dans le gnosticisme : si Jésus peut laisser sa vie et la reprendre comme un manteau (on se souvient qu’il va effectivement déposer son manteau pour laver les pieds des disciples et le remettre ensuite pour dîner), alors son côté humain est vraiment superficiel, il tient plus du déguisement et de l’image que d’une réelle nature humaine qui souffre pour mourir.

Certes la figure du berger donne un peu plus d’humanité que la porte et le pain, mais on a un peu de mal à trouver un Jésus qui soit comme nous.

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