Ground Zero

Gn 1, 1-2
décembre 5, 2023

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

La terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux,

Commentaire

Nous commençons une 1ère partie de la Genèse avec un premier récit de création de Gn1.1-2.4a. Il s’agit d’un texte dans lequel certes Dieu est appelé Elohim, mais qui trouve son origine dans la tradition sacerdotale : il aurait été écrit aux environs de -530, au début de l’époque Perse de Darius II, avec l’idée de fixer l’histoire d’Israël dans un cadre très ancien, pour démontrer aux envahisseurs que les juifs aussi ont une civilisation très ancienne.

Ce texte est fortement inspiré d’un poème de la création « Enuma elis », un poème babylonien de -1100 qui raconte la prise de pouvoir du dieu Marduk comme divinité suprême du Panthéon, découvert au temps de Nabuchodonosor 1 (-620). Le plan est exactement celui de Gn1 : un chaos primitif avec Tiamat enveloppée dans les ténèbres, la lumière émane des dieux, la création du firmament, la création de la terre sèche, la création des luminaires, la création de l’humanité. Enfin les dieux se reposent et célèbrent en faisant un sanctuaire.

Il existe plusieurs textes du Proche Orient Ancien qui racontent le mythe de la fondation : c’est un temps différent du temps de l’histoire, un récit structuré qui montre une certaine rationalité basée sur l’état des connaissances de l’auteur. Ce n’est absolument pas un roman mais plutôt un récit réfléchi et ordonné dont l’objectif est de donner une certaine cohérence au temps actuel. Un récit destiné à être lu et relu pour créer une mémoire. On trouve diverses méthodes de création : par génération, par combat, par fabrication, par la parole comme c’est le cas ici.

On ne comprend pas bien si le v.1 est un titre, ou si c’est la description de l’action première de Dieu. Mais on se souvient du 1er verset de l’évangile de Jean « Au commencement était le verbe »

On remarquera que la définition du chaos initial est très peu détaillée, il est une vacuité, une antithèse du monde, le terme choisi est le Tohu-Bohu que l’on trouve aussi en Jérémie 4.23

Dès le début, avant même le démarrage de l’œuvre de la création, Dieu est présent, non pas dans le monde, mais son souffle agite les flots. C’est aussi l’image de Ahura Mazda, le grand dieu du ciel perse qui bat des ailes et fait du vent. Il est intéressant de noter que ce souffle divin plane, il n’est nullement question ici de tempête ou d’ouragan, le souffle divin prend l’aspect d’une puissance en attente, une puissance contenue. Nous verrons que les auteurs de ce texte cherchent absolument à montrer un Dieu puissant certes, mais calme et tranquille.

Cette préexistence de Dieu va justifier qu’ensuite, dans les évangiles et en particulier celui de Jean, Dieu (ou Jésus) diront « Je suis », sous la forme d’un présent continu. Quant au souffle de Dieu, comment ne pas y voir la présence du Saint-Esprit, ce qui donnera le nom de Pneumatologie à la branche de la théologie qui étudie la question de l’Esprit Saint.

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