J’ai choisi ce texte d’Esaïe plutôt que l’évangile du jour Mt 15,21-28 de la Syro-phénicienne ; il nous ramène aux eunuques dont nous avons parlé avec Matthieu au cours du passage sur la répudiation.
Ce texte est le premier du 3ème livre d’Esaïe écrit entre -537 et -520. On se souvient que le 1er livre était écrit en -720 et parlait principalement des relations entre Juda et l’Assyrie ; le 2ème écrit entre -550 et -540 parlait de Jérusalem juste après l’exil, au temps où Cyrus libérait Israël des Babyloniens. Dans ce 3ème livre, on parle principalement de la vie en Israël et de ses problèmes internes : le fait que les travaux de reconstruction de Jérusalem s’éternisent, le fait qu’il reste une dépravation tenace du culte des idoles Babyloniens, du mépris des étrangers et des difficultés à faire vivre ensemble les juifs qui sont revenus, ceux qui sont restés, ceux qui se sont rajoutés et ceux qui sont encore dans les diasporas.
Concernant Dieu, il est intéressant d’observer que son image change : il devient plus ouvert, moins créateur de tout, plus maître de l’histoire que de l’univers…La figure d’Esaïe va déboucher sur celle d’Abraham.
Les eunuques sont très mal considérés car ils n’ont pas la possibilité de procréer ; ils sont normalement voués au service d’un maître ou d’un roi, ils peuvent être mariés mais ne peuvent ni accéder au culte (Deutéronome 23.2 : 23.2 « L'homme mutilé par écrasement et l'homme à la verge coupée n'entreront pas dans l'assemblée du SEIGNEUR ») et encore moins au sacerdoce (Lévitique 21.17 « Parle à Aaron : D'âge en âge, qu'aucun de tes descendants, s'il est infirme, ne s'approche pour présenter la nourriture de son Dieu ; en effet, quiconque a une infirmité ne doit pas s'approcher, que ce soit un aveugle ou un boiteux, un homme au nez aplati ou aux membres difformes, un homme atteint d'une fracture à la jambe ou au bras, un bossu ou un gringalet, un homme affligé d'une tache à l'œil, un galeux ou un dartreux, ou un homme aux testicules écrasés »).
Il en est de même pour les étrangers.
Exode 12.43 « Le SEIGNEUR dit à Moïse et à Aaron : « Voici le rituel de la Pâque : — Aucun étranger n'en mangera ».
Dt 14.21 « Vous ne mangerez aucune bête crevée : c'est à l'émigré qui est dans tes villes que tu la donneras, et il pourra la manger ; ou bien, vends-la à l'étranger. Car tu es un peuple consacré au SEIGNEUR ton Dieu »
Dt 15.3 « L'étranger, tu pourras le contraindre ; mais ce que tu possèdes chez ton frère, tu lui en feras remise ».
Dt 23.21 « A un étranger, tu feras des prêts à intérêt, mais à ton frère tu n'en feras pas »,
Ezéchiel 44.9 « Ainsi parle le Seigneur DIEU : Aucun étranger, incirconcis de cœur et incirconcis de chair, n'entrera dans mon sanctuaire ; aucun étranger qui demeure au milieu des fils d'Israël ».
Bref, les lignes bougent et même Dieu vieillit !