Je voudrais profiter que nous ayons lu cette prière pour les chrétiens de deuxième génération pour faire quelques commentaires sur la prière. Nous n’avons que très peu d’exemples de prières de Jésus à son père dans les évangiles, la principale est celle qui est faite juste avant la passion.
Dans les 3 évangiles synoptiques, Jésus prie son père de changer le programme au dernier moment et si possible, d’éloigner la coupe. C’est la fameuse prière au jardin de Gethsémani (Marc 14.26, Matthieu 26.36 et Luc 22, 40) dans laquelle on insiste beaucoup sur le sommeil des disciples ; Luc invitera les disciples à prier pour ne pas succomber au pouvoir de la tentation. Marc, que les autres ont repris, ajoute juste après « Mais non pas ce que je veux mais ce que tu veux ». On comprend que chez Jean, Jésus ne peut absolument pas implorer le père de changer le programme puisqu’il vient au-devant de la croix pour accomplir le programme. Jn 18.11 « comment ? je ne boirais pas la coupe que le Père m’a donnée ? » C’est ainsi que le Jésus de Jean va donc diriger la prière à son père vers l’unité de sa communauté.
Concernant notre prière, ou plutôt la prière de ceux qui restent, Jean nous donne plus de détails à partir du chapitre 14 et il vaut la peine de se pencher sur le mécanisme.
Jn 14.13 « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai pour que le Père soit glorifié »
Jn 15.7 « vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera »
Jn 15.16 et Jn 16.23 « ce que vous demanderez à mon père en mon nom, il vous l’accordera »
Jn 16.24 « jusqu’à maintenant vous n’avez rien demandé en mon nom : Demandez et vous recevrez »
Jn 16.26 « vous demanderez en mon nom, mais je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous »
Jn 17.9 « je prie pour eux, pas pour le monde »
Jn 17.20 « je ne prie pas seulement pour eux… »
Si nous allons du côté des synoptiques :
Marc 11.24 « tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera accordé »
Matthieu 7.7-11 « combien plus votre père qui est au cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent ». La formule partagée par Luc et Matthieu est « demandez et on vous donnera » ; Luc va préciser en spécifiant que le Père céleste donnera l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent.
Tout cela peut paraître un peu confus. Demander quoi ? Toutes les bonnes choses que l’on veut ? Hum, plutôt ce que Dieu veut mais après tout, si nous sommes assez remplis de la parole, peut-être nos désirs sont-ils proches pour ne pas dire identiques à ceux du Père.
Demander à qui ? Jean se montre un peu plus précis que le « on » des synoptiques, mais il semble bien que sa pensée évolue en cours du texte. Il y a cette fameuse expression « demander en mon nom » que Jean ne va pas expliquer. Il va donc falloir que les théologiens s’y collent, en nous expliquant que le « nom » des écritures signifie l’être dans son essence et dans ses propriétés, ce qui ne nous aide pas vraiment. Doit-on demander au Père comme si c’était le Fils qui demandait, mais en son absence, nous avons procuration ? C’est au nom de ce que nous a enseigné le Fils ? C’est la manière d’exprimer que notre volonté est en fait identique à celle de Jésus ? On comprend en 14.13 que c’est Jésus lui-même qui va s’occuper d’exaucer nos demandes, mais en 15.16 c’est déjà le Père qui va accorder. Et en 16.26, Jésus nous dit qu’il n’interviendra pas !
En fait ce que Jean cherche à nous dire, c’est qu’une fois que l’immanence réciproque du Père et du Fils s’élargit à la communauté tout entière, alors la notion de médiateur n’a plus aucun sens : l’ami n’a pas besoin de maître…Le Père est en accès direct.
Mais c’est Luc qui nous donne (je pense) la meilleure clef : ce qu’il faut demander au Père, c’est l’Esprit. Soit pour nous, pour que nous puissions supporter, attendre, réagir en homme éclairé. Soit pour les tiers, pour qu’ils puissent comprendre et agir en toute intelligence. Il ne sert à rien de prier Dieu pour qu’une intervention chirurgicale se passe bien, il convient de prier Dieu pour qu’il envoie au chirurgien un esprit de clarté et de professionnalisme qui soit à la hauteur de l’opération, et qu’il sache éviter de faire la fête la veille au soir.
Jean 6.63 « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair en sert de rien ».
Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi : que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé dès avant la fondation du monde.
Père juste, tandis que le monde ne t’a pas connu, je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux.
Commentaire
Je voudrais profiter que nous ayons lu cette prière pour les chrétiens de deuxième génération pour faire quelques commentaires sur la prière. Nous n’avons que très peu d’exemples de prières de Jésus à son père dans les évangiles, la principale est celle qui est faite juste avant la passion.
Dans les 3 évangiles synoptiques, Jésus prie son père de changer le programme au dernier moment et si possible, d’éloigner la coupe. C’est la fameuse prière au jardin de Gethsémani (Marc 14.26, Matthieu 26.36 et Luc 22, 40) dans laquelle on insiste beaucoup sur le sommeil des disciples ; Luc invitera les disciples à prier pour ne pas succomber au pouvoir de la tentation. Marc, que les autres ont repris, ajoute juste après « Mais non pas ce que je veux mais ce que tu veux ». On comprend que chez Jean, Jésus ne peut absolument pas implorer le père de changer le programme puisqu’il vient au-devant de la croix pour accomplir le programme. Jn 18.11 « comment ? je ne boirais pas la coupe que le Père m’a donnée ? » C’est ainsi que le Jésus de Jean va donc diriger la prière à son père vers l’unité de sa communauté.
Concernant notre prière, ou plutôt la prière de ceux qui restent, Jean nous donne plus de détails à partir du chapitre 14 et il vaut la peine de se pencher sur le mécanisme.
Jn 14.13 « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai pour que le Père soit glorifié »
Jn 15.7 « vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera »
Jn 15.16 et Jn 16.23 « ce que vous demanderez à mon père en mon nom, il vous l’accordera »
Jn 16.24 « jusqu’à maintenant vous n’avez rien demandé en mon nom : Demandez et vous recevrez »
Jn 16.26 « vous demanderez en mon nom, mais je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous »
Jn 17.9 « je prie pour eux, pas pour le monde »
Jn 17.20 « je ne prie pas seulement pour eux… »
Si nous allons du côté des synoptiques :
Marc 11.24 « tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera accordé »
Matthieu 7.7-11 « combien plus votre père qui est au cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent ». La formule partagée par Luc et Matthieu est « demandez et on vous donnera » ; Luc va préciser en spécifiant que le Père céleste donnera l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent.
Tout cela peut paraître un peu confus. Demander quoi ? Toutes les bonnes choses que l’on veut ? Hum, plutôt ce que Dieu veut mais après tout, si nous sommes assez remplis de la parole, peut-être nos désirs sont-ils proches pour ne pas dire identiques à ceux du Père.
Demander à qui ? Jean se montre un peu plus précis que le « on » des synoptiques, mais il semble bien que sa pensée évolue en cours du texte. Il y a cette fameuse expression « demander en mon nom » que Jean ne va pas expliquer. Il va donc falloir que les théologiens s’y collent, en nous expliquant que le « nom » des écritures signifie l’être dans son essence et dans ses propriétés, ce qui ne nous aide pas vraiment. Doit-on demander au Père comme si c’était le Fils qui demandait, mais en son absence, nous avons procuration ? C’est au nom de ce que nous a enseigné le Fils ? C’est la manière d’exprimer que notre volonté est en fait identique à celle de Jésus ? On comprend en 14.13 que c’est Jésus lui-même qui va s’occuper d’exaucer nos demandes, mais en 15.16 c’est déjà le Père qui va accorder. Et en 16.26, Jésus nous dit qu’il n’interviendra pas !
En fait ce que Jean cherche à nous dire, c’est qu’une fois que l’immanence réciproque du Père et du Fils s’élargit à la communauté tout entière, alors la notion de médiateur n’a plus aucun sens : l’ami n’a pas besoin de maître…Le Père est en accès direct.
Mais c’est Luc qui nous donne (je pense) la meilleure clef : ce qu’il faut demander au Père, c’est l’Esprit. Soit pour nous, pour que nous puissions supporter, attendre, réagir en homme éclairé. Soit pour les tiers, pour qu’ils puissent comprendre et agir en toute intelligence. Il ne sert à rien de prier Dieu pour qu’une intervention chirurgicale se passe bien, il convient de prier Dieu pour qu’il envoie au chirurgien un esprit de clarté et de professionnalisme qui soit à la hauteur de l’opération, et qu’il sache éviter de faire la fête la veille au soir.
Jean 6.63 « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair en sert de rien ».
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