Nous avons déjà lu ce passage en décembre de 2024, et je ne vois pas que je puisse vraiment trouver quelque chose de nouveau à dire. Nous avons un échange de deux tirades assez romantiques, la seconde étant connue sous le nom de Magnificat.
Luc va nous organiser une rencontre in-utero des deux cousins. C’est Marie qui prend l’initiative, c’est elle qui voyage : on reprend l’image d’Elisabeth comme la vieille femme de l’Ancienne Alliance et la jeunette Marie pour la Nouvelle Alliance. Si on cherche un peu plus dans les textes de l’Ancien Testament, on trouve aussi Sarah qui tout comme Elisabeth, était trop vieille. Dans l’Ancien Testament, ce sont les femmes trop tard, dans le Nouveau, c’est la femme trop tôt.
Il faut comprendre que dans la tradition juive, c’est la stature du fils qui confère la dignité de la femme (et non pas son mari ou ses propres mérites comme aujourd’hui). C’est ainsi que dans la Genèse 25, Esaü et Jacob se disputent déjà dans le ventre de Rebecca leur mère, la femme d’Isaac, comme ils vont se disputer ensuite (deux nations en ton sein, deux peuples).
Jean-Baptiste qui tressaille dans le ventre, c’est l’expression du prophète dont le rôle sera de lancer Jésus (toujours selon Luc). Luc connait bien le langage des corps (médecin ?), et Elisabeth semble bien connaître son fils pour y voir un sentiment d’allégresse.
La première bénédiction de l’évangile est pour Marie. Et Luc en remet une couche sur le fait que Zacharie n’ait pas cru, au contraire de Marie
C’est le mouvement de Jean dans le ventre de sa mère qui déclenche une vague subite de jubilation chez Marie et une vague romantique chez Luc qui va transformer un hymne ancien (qui ne connaît pas de naissance virginale) en une louange collective. Les sources d’inspiration sont multiples, mais on retiendra l’hymne chanté par Anne au 1er livre de Samuel : Anne a bien du al à faire un enfant à son mari Elqana, elle va donc prier au temple (ses lèvres bougent alors qu’elle prie à voix haute, le gardien va croire qu’elle est saoule) et l’enfant arriva : « J'ai le cœur joyeux grâce au SEIGNEUR et le front haut grâce au SEIGNEUR, la bouche grande ouverte contre mes ennemis : je me réjouis de ta victoire. Il n'est pas de saint pareil au SEIGNEUR. Il n'est personne d'autre que toi. Il n'est pas de Rocher pareil à notre Dieu. Ne répétez pas tant de paroles hautaines, que l'insolence ne sorte pas de votre bouche : le SEIGNEUR est un Dieu qui sait et c'est lui qui pèse les actions. L'arc des preux est brisé, ceux qui chancellent ont la force pour ceinture. Les repus s'embauchent pour du pain, et les affamés se reposent. Ainsi la stérile enfante sept fois, et la mère féconde se flétrit. Le SEIGNEUR fait mourir et fait vivre, descendre aux enfers et remonter. Le SEIGNEUR appauvrit et enrichit, il abaisse, il élève aussi. Il relève le faible de la poussière et tire le pauvre du tas d'ordures, pour les faire asseoir avec les princes et leur attribuer la place d'honneur. Car au SEIGNEUR sont les colonnes de la terre, sur elles il a posé le monde. Il gardera les pas de son fidèle, mais les méchants périront dans les ténèbres, car ce n'est point par la force qu'on triomphe. Le SEIGNEUR, ses adversaires seront brisés, contre eux, dans le ciel, il tonnera. Le SEIGNEUR jugera la terre entière. Il donnera la puissance à son roi, il élèvera le front de son messie. »
On remarquera donc que le cantique de Marie est surtout centré sur le passé et ne parle pas de la situation présente. C’est qu’elle voit dans ces grossesses inattendues la main du Seigneur.
C’est là tout le message de Luc : une interprétation théologique de la situation courante.
On ne peut que s’amuser de voir Luc, chantre du service aux plus pauvres, placer la mère de Jésus dans un statut de servante. L’esprit de famille.
En ce temps-là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth.
Or, lorsque Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant bondit dans son sein et Elisabeth fut remplie du Saint Esprit. Elle poussa un grand cri et dit :
« Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit de ton sein ! Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Car lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein. Bienheureuse celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! »
Alors Marie dit :
« Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit s’est rempli d’allégresse à cause de Dieu, mon Sauveur, parce qu’il a porté son regard sur son humble servante. Oui, désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse, parce que le Tout Puissant a fait pour moi de grandes choses : saint est son Nom.
Sa bonté s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent. Il est intervenu de toute la force de son bras ; il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ; il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles ; les affamés, il les a comblés de biens et les riches, il les a renvoyés les mains vides. Il est venu en aide à Israël son serviteur en souvenir de sa bonté, comme il l’avait dit à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance pour toujours. »
Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle.
Commentaire
Nous avons déjà lu ce passage en décembre de 2024, et je ne vois pas que je puisse vraiment trouver quelque chose de nouveau à dire. Nous avons un échange de deux tirades assez romantiques, la seconde étant connue sous le nom de Magnificat.
Luc va nous organiser une rencontre in-utero des deux cousins. C’est Marie qui prend l’initiative, c’est elle qui voyage : on reprend l’image d’Elisabeth comme la vieille femme de l’Ancienne Alliance et la jeunette Marie pour la Nouvelle Alliance. Si on cherche un peu plus dans les textes de l’Ancien Testament, on trouve aussi Sarah qui tout comme Elisabeth, était trop vieille. Dans l’Ancien Testament, ce sont les femmes trop tard, dans le Nouveau, c’est la femme trop tôt.
Il faut comprendre que dans la tradition juive, c’est la stature du fils qui confère la dignité de la femme (et non pas son mari ou ses propres mérites comme aujourd’hui). C’est ainsi que dans la Genèse 25, Esaü et Jacob se disputent déjà dans le ventre de Rebecca leur mère, la femme d’Isaac, comme ils vont se disputer ensuite (deux nations en ton sein, deux peuples).
Jean-Baptiste qui tressaille dans le ventre, c’est l’expression du prophète dont le rôle sera de lancer Jésus (toujours selon Luc). Luc connait bien le langage des corps (médecin ?), et Elisabeth semble bien connaître son fils pour y voir un sentiment d’allégresse.
La première bénédiction de l’évangile est pour Marie. Et Luc en remet une couche sur le fait que Zacharie n’ait pas cru, au contraire de Marie
C’est le mouvement de Jean dans le ventre de sa mère qui déclenche une vague subite de jubilation chez Marie et une vague romantique chez Luc qui va transformer un hymne ancien (qui ne connaît pas de naissance virginale) en une louange collective. Les sources d’inspiration sont multiples, mais on retiendra l’hymne chanté par Anne au 1er livre de Samuel : Anne a bien du al à faire un enfant à son mari Elqana, elle va donc prier au temple (ses lèvres bougent alors qu’elle prie à voix haute, le gardien va croire qu’elle est saoule) et l’enfant arriva : « J'ai le cœur joyeux grâce au SEIGNEUR et le front haut grâce au SEIGNEUR, la bouche grande ouverte contre mes ennemis : je me réjouis de ta victoire. Il n'est pas de saint pareil au SEIGNEUR. Il n'est personne d'autre que toi. Il n'est pas de Rocher pareil à notre Dieu. Ne répétez pas tant de paroles hautaines, que l'insolence ne sorte pas de votre bouche : le SEIGNEUR est un Dieu qui sait et c'est lui qui pèse les actions. L'arc des preux est brisé, ceux qui chancellent ont la force pour ceinture. Les repus s'embauchent pour du pain, et les affamés se reposent. Ainsi la stérile enfante sept fois, et la mère féconde se flétrit. Le SEIGNEUR fait mourir et fait vivre, descendre aux enfers et remonter. Le SEIGNEUR appauvrit et enrichit, il abaisse, il élève aussi. Il relève le faible de la poussière et tire le pauvre du tas d'ordures, pour les faire asseoir avec les princes et leur attribuer la place d'honneur. Car au SEIGNEUR sont les colonnes de la terre, sur elles il a posé le monde. Il gardera les pas de son fidèle, mais les méchants périront dans les ténèbres, car ce n'est point par la force qu'on triomphe. Le SEIGNEUR, ses adversaires seront brisés, contre eux, dans le ciel, il tonnera. Le SEIGNEUR jugera la terre entière. Il donnera la puissance à son roi, il élèvera le front de son messie. »
On remarquera donc que le cantique de Marie est surtout centré sur le passé et ne parle pas de la situation présente. C’est qu’elle voit dans ces grossesses inattendues la main du Seigneur.
C’est là tout le message de Luc : une interprétation théologique de la situation courante.
On ne peut que s’amuser de voir Luc, chantre du service aux plus pauvres, placer la mère de Jésus dans un statut de servante. L’esprit de famille.
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