Je ne sais pas pourquoi on met de côté le chapitre 6 pour y revenir lundi prochain, mais ce n’est pas grave. L’extrait du jour est un peu compliqué, en tout cas important pour comprendre la théologie johannique.
« je suis dans le Père, et le Père est en moi » : il s’agit de l’immanence réciproque selon St. Jean, cad une relation tellement forte entre le Père et le Fils qu’on n’arrive pas à les différencier. Philippe, qui pas plus tard qu’hier, faisait des comptes d’argent pour expliquer à Jésus qu’il serait impossible de nourrir la foule, Philippe donc reste très terre-à-terre ; il est très proche de Thomas en fait, il veut voir, il veut voir Dieu de ses propres yeux. Il veut bien acheter le discours de Jésus fils du Père, il veut juste vérifier qu’il existe bien un air de famille. Il est tellement juif ; tous ont voulu voir Dieu face-à-face, mais seul Moïse y est parvenu. Philippe, un Galiléen de Béthsaïda, un compagnon d’André et de Pierre, un disciple du Baptiste…
La représentation de Dieu n’est pas ici celle de la Trinité : il n’y a que Dieu et son Fils, et selon Jean, c’est le Père qui fait tout, qui parle et qui fait des signes. Jésus ne serait qu’une pantomime, une marionnette dont les fils montent au ciel. L’incarnation de Dieu en Jésus rend inutile une nouvelle théophanie. Il s’agit là bien entendu d’une hypothèse très forte de l’évangile de Jean, qui risque facilement d’être détournée vers le gnosticisme : si Jésus est l’image parfaite du Père, alors il n’est qu’une image, un hologramme qui ne souffrirait pas…les œuvres sont tellement extraordinaires qu’on devrait comprendre sans détour que c’est Dieu qui tire les ficelles. On pourrait facilement douter d’une incarnation physiologique, ce serait tellement plus facile de comprendre le fait que Jésus marche aussi résolument vers sa passion.
Les deux derniers versets de ce paragraphe nous ouvrent à la vie de l’Eglise post-mortem, une communauté qui a perdu son maître. On se souvient que lors de l’apparition du ressuscité aux disciples (Jn 20,23), en l’absence de Thomas, Jésus avait aussi délégué son esprit pour son action : « Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » ». He bien, on peut vérifier qu’avant même d’avoir transféré aux disciples le pouvoir de pardonner, Jésus leur avait déjà promis de grands pouvoirs en termes d’œuvres, pour peu qu’ils lui en fassent la demande. On peut raisonnablement penser aux guérisons et aux exorcismes.
C’est la même foi qui va permettre d’accéder au Royaume qui va aussi permettre des œuvres exceptionnelles…. Des œuvres encore plus grandes parce que réalisées en l’absence de Jésus qui précise encore une fois : « je vais au père ». Un retour annoncé, qui sera bien mérité.
Jésus lui dit : « Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. »
Jésus lui dit : « Je suis avec vous depuis si longtemps, et cependant, Philippe, tu ne m’as pas reconnu ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Pourquoi dis-tu : “Montre-nous le Père” ?
Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! Au contraire, c’est le Père qui, demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres.
Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez du moins à cause de ces œuvres.
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père.
Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.
Commentaire
Je ne sais pas pourquoi on met de côté le chapitre 6 pour y revenir lundi prochain, mais ce n’est pas grave. L’extrait du jour est un peu compliqué, en tout cas important pour comprendre la théologie johannique.
« je suis dans le Père, et le Père est en moi » : il s’agit de l’immanence réciproque selon St. Jean, cad une relation tellement forte entre le Père et le Fils qu’on n’arrive pas à les différencier. Philippe, qui pas plus tard qu’hier, faisait des comptes d’argent pour expliquer à Jésus qu’il serait impossible de nourrir la foule, Philippe donc reste très terre-à-terre ; il est très proche de Thomas en fait, il veut voir, il veut voir Dieu de ses propres yeux. Il veut bien acheter le discours de Jésus fils du Père, il veut juste vérifier qu’il existe bien un air de famille. Il est tellement juif ; tous ont voulu voir Dieu face-à-face, mais seul Moïse y est parvenu. Philippe, un Galiléen de Béthsaïda, un compagnon d’André et de Pierre, un disciple du Baptiste…
La représentation de Dieu n’est pas ici celle de la Trinité : il n’y a que Dieu et son Fils, et selon Jean, c’est le Père qui fait tout, qui parle et qui fait des signes. Jésus ne serait qu’une pantomime, une marionnette dont les fils montent au ciel. L’incarnation de Dieu en Jésus rend inutile une nouvelle théophanie. Il s’agit là bien entendu d’une hypothèse très forte de l’évangile de Jean, qui risque facilement d’être détournée vers le gnosticisme : si Jésus est l’image parfaite du Père, alors il n’est qu’une image, un hologramme qui ne souffrirait pas…les œuvres sont tellement extraordinaires qu’on devrait comprendre sans détour que c’est Dieu qui tire les ficelles. On pourrait facilement douter d’une incarnation physiologique, ce serait tellement plus facile de comprendre le fait que Jésus marche aussi résolument vers sa passion.
Les deux derniers versets de ce paragraphe nous ouvrent à la vie de l’Eglise post-mortem, une communauté qui a perdu son maître. On se souvient que lors de l’apparition du ressuscité aux disciples (Jn 20,23), en l’absence de Thomas, Jésus avait aussi délégué son esprit pour son action : « Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » ». He bien, on peut vérifier qu’avant même d’avoir transféré aux disciples le pouvoir de pardonner, Jésus leur avait déjà promis de grands pouvoirs en termes d’œuvres, pour peu qu’ils lui en fassent la demande. On peut raisonnablement penser aux guérisons et aux exorcismes.
C’est la même foi qui va permettre d’accéder au Royaume qui va aussi permettre des œuvres exceptionnelles…. Des œuvres encore plus grandes parce que réalisées en l’absence de Jésus qui précise encore une fois : « je vais au père ». Un retour annoncé, qui sera bien mérité.
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