Séance de rattrapage

Il est important de bien se placer dans le contexte littéraire du chapitre 21 : celui-ci a été rédigé postérieurement au corps de l’évangile, probablement après la mort du rédacteur principal, et ce texte est fait pour faire amende honorable et permettre d’intégrer la communauté de Jean, ou ce qu’il en reste, à l’église de Pierre. Il faut donc gommer un peu l’importance qui a été donnée au disciple bien-aimé pendant les 20 premiers chapitres de l’évangile et redorer un peu le blason de Pierre.

En répondant 3 fois à la question « m’aimes-tu ? », Pierre efface ses 3 reniements du début de la passion. L’insistance sur le rôle de berger atteste de la prééminence de Pierre pour conduire l’Eglise. En abordant le sujet du martyr de Pierre, l’auteur confirme que celui-ci est prêt à perdre sa vie.

On se souvient de l’histoire du bon berger en Jn 10,11 « Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis. » C’est bien là que l’auteur du chapitre 21 nous emmène. Il y a une subtilité de vocabulaire en grec. Pour poser les deux premières questions, Jésus utilise le verbe « agapè » qui veut dire aimer à la folie et sans attendre de contrepartie, un amour qui va jusqu’à perdre sa vie pour l’objet de son amour ou de son amitié. Or Pierre répond les 2 fois par un « oui je t’aime » somme toute assez banal. A la 3^ème fois, Jésus reprend la même question en utilisant le verbe de Pierre. Or les question avec l’Agapè étaient bien faites pour faire le lien avec Jn 10.11 « se dessaisir de sa vie pour ses brebis ».

Et c’est bien pour cela que l’auteur nous met l’avant-dernier paragraphe avec cette explication sur le futur martyr de Pierre : celui-ci va en effet se dessaisir de sa vie pour son église (ce sera bien entendu déjà fait en l’an 63 à Rome, bien avant la date probable de la rédaction du chapitre 21). Pierre est donc un bon berger en qui on peut avoir confiance.