On se souvient qu’au passage précédent, les pèlerins d’Emmaüs ont reconnu Jésus à sa manière de donner la bénédiction du repas. On se souvient que lorsqu’ils sont venus annoncer leur rencontre aux apôtres, ceux-ci ont dit que Pierre avait aussi rencontré Jésus, sans plus de détails. Il y a donc bien une progression dans les rencontres avec le ressuscité : d’abord les femmes, puis Pierre, les deux d’Emmaüs et maintenant les onze et leurs compagnons.
L’arrivée de Jésus au milieu des disciples se fait d’une manière soudaine, Nous n’avons pas de détails : les disciples sont réunis certes, mais est-ce en plein air, dans une maison, dans un jardin ? Jésus a-t-il dû franchir des murs ou s’est-il mélangé aux curieux ?
Luc insiste un peu sur une réaction négative des disciples : la crainte, la vue d’un fantôme ; il semble que la joie de le reconnaître n’élimine pas la peur de se retrouver face à un revenant. Luc veut nous dire une chose : si les disciples ont ce mouvement de recul ou de doute, c’est qu’ils ne s’attendaient pas à cette rencontre. A ceux qui soupçonnent une affabulation de la part des disciples, Luc répond en leur montrant la faiblesse de leur réaction. On n’est pas du tout dans le registre du « je vous l’avais bien dit ».
Luc va devoir défendre la résurrection corporelle dans son texte à l’intention de grecs qui croient dans le dualisme de l’esprit et du corps, mais qui ne croient pas dans la résurrection du corps. C’est une vue juive du corps dans lequel se rejoignent l’âme et l’esprit, un corps fruit de la création de Dieu : pour les juifs il ne peut y avoir de résurrection sans le corps. C’est pourquoi Luc va parler du voir (pour reconnaître le ressuscité), du toucher (pour lever le malentendu du fantôme) et du manger (la commensalité comme preuve d’une vie réelle et dynamique).
On notera que chez Luc pas plus que chez Jean, rien n’est dit si les disciples viennent effectivement toucher les plaies. Le plan de la rencontre de Luc est proche de celui de la rencontre de Matthieu (les onze rassemblés, Jésus au milieu d’eux, le discours missionnaire), mais le texte est lui très proche de Jean, jusqu’aux poissons grillés.
En fin de repas, Jésus va énoncer le résumé de son enseignement (le kérygme) :
- La passion /résurrection du Christ annoncée dans les écritures (dans cette version Luc divise les écritures en 3 groupes, en ajoutant les psaumes ce qui n’est pas fréquent)
- La conversion en vue du pardon des péchés (un enseignement proche de celui du Baptiste)
- Les apôtres témoins (ce qui nous ramène au prologue de l’évangile et la lettre à Théophile)
- L’esprit donné aux témoins pour accomplir cette tâche (c’est au v.49).
Le rappel de cet enseignement est couplé à l’envoi en mission ; il semble que bien souvent, l’apparition du ressuscité soit couplé à un envoi en mission : pas de mission sans résurrection.
Et eux racontèrent ce qui s’était passé sur la route et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain. Comme ils parlaient ainsi, Jésus fut présent au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. »
Effrayés et remplis de crainte, ils pensaient voir un esprit.
Et il leur dit : « Quel est ce trouble et pourquoi ces objections s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi, regardez ; un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai. »
A ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds.
Comme, sous l’effet de la joie, ils restaient encore incrédules et comme ils s’étonnaient, il leur dit : « Avez-vous ici de quoi manger ? »
Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et mangea sous leurs yeux.
Puis il leur dit : « Voici les paroles que je vous ai adressées quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures, et il leur dit : « C’est comme il a été écrit : le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour, et on prêchera en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.
C’est vous qui en êtes les témoins.
Commentaire
On se souvient qu’au passage précédent, les pèlerins d’Emmaüs ont reconnu Jésus à sa manière de donner la bénédiction du repas. On se souvient que lorsqu’ils sont venus annoncer leur rencontre aux apôtres, ceux-ci ont dit que Pierre avait aussi rencontré Jésus, sans plus de détails. Il y a donc bien une progression dans les rencontres avec le ressuscité : d’abord les femmes, puis Pierre, les deux d’Emmaüs et maintenant les onze et leurs compagnons.
L’arrivée de Jésus au milieu des disciples se fait d’une manière soudaine, Nous n’avons pas de détails : les disciples sont réunis certes, mais est-ce en plein air, dans une maison, dans un jardin ? Jésus a-t-il dû franchir des murs ou s’est-il mélangé aux curieux ?
Luc insiste un peu sur une réaction négative des disciples : la crainte, la vue d’un fantôme ; il semble que la joie de le reconnaître n’élimine pas la peur de se retrouver face à un revenant. Luc veut nous dire une chose : si les disciples ont ce mouvement de recul ou de doute, c’est qu’ils ne s’attendaient pas à cette rencontre. A ceux qui soupçonnent une affabulation de la part des disciples, Luc répond en leur montrant la faiblesse de leur réaction. On n’est pas du tout dans le registre du « je vous l’avais bien dit ».
Luc va devoir défendre la résurrection corporelle dans son texte à l’intention de grecs qui croient dans le dualisme de l’esprit et du corps, mais qui ne croient pas dans la résurrection du corps. C’est une vue juive du corps dans lequel se rejoignent l’âme et l’esprit, un corps fruit de la création de Dieu : pour les juifs il ne peut y avoir de résurrection sans le corps. C’est pourquoi Luc va parler du voir (pour reconnaître le ressuscité), du toucher (pour lever le malentendu du fantôme) et du manger (la commensalité comme preuve d’une vie réelle et dynamique).
On notera que chez Luc pas plus que chez Jean, rien n’est dit si les disciples viennent effectivement toucher les plaies. Le plan de la rencontre de Luc est proche de celui de la rencontre de Matthieu (les onze rassemblés, Jésus au milieu d’eux, le discours missionnaire), mais le texte est lui très proche de Jean, jusqu’aux poissons grillés.
En fin de repas, Jésus va énoncer le résumé de son enseignement (le kérygme) :
Le rappel de cet enseignement est couplé à l’envoi en mission ; il semble que bien souvent, l’apparition du ressuscité soit couplé à un envoi en mission : pas de mission sans résurrection.
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